Voilà maintenant un peu plus d’un an aujourd’hui que j’ai
décidé de me passer entièrement de produits animaux. 417 jours de véganisme plus exactement. L’occasion de faire le
point sur ce changement majeur dans ma vie et sur ses apports positifs comme
négatifs.
Petit flashback sur le Christophe omnivore de l’époque, déjà
sensible à la cause animale, mais moralement confus comme la grande majorité
des gens.
Je pensais aider les animaux et faire ma part en donnant un
peu d’argent à Gaïa et Peta tout en continuant à côté de ça à me goinfrer
allégrement de pizzas remplies de haché, fromage et oeufs, à commander des
‘bœuf sauce piquante’ chez le chinois du coin, et à préparer mes tomates
mozzarella au four, mon plat favori. J’achetais évidemment des ceintures et
portefeuilles en cuir, des pulls en laine, j’allais au cirque avec animaux ou
au delphinarium même si ça me mettait mal à l’aise. Tous mes produits étaient
testés sur les animaux. J’achetais des œufs « libre parcours » en
m’imaginant des poules vivant à l’extérieur jusqu’à la fin de leur vie et du
lait de vache partageant son breuvage avec nous et coulant des jours paisibles.
Bref, j’étais un omnivore consciencieux, je croyais à
l’exploitation heureuse. Je passais par quelques brefs moments de "flexitarisme", comme si ma conscience tentait de me réveiller, pendant lesquels je ne mangeais pas de steaks par exemple, tout en prenant des sandwichs américain martino à midi.
En réalité, je ne faisais bien évidemment absolument rien de
concret pour les animaux. Je finançais allègrement l’exploitation animale, je
faisais partie des demandeurs, j’étais la sève de l’arbre. Et je n’avais
-jamais- entendu le mot vegan.
Je me suis retrouvé sur la voie du véganisme un peu par
accident suite au visionnage d’un clip d’un groupe punk-rock (Rise Against –
Ready to Fall, pour les curieux) dans lequel on apercevait furtivement des poussins sur un tapis
roulant. Cette scène m’a intrigué car je ne comprenais pas pourquoi ces êtres
innocents défilaient sur un tapis roulant.
J’ai alors commencé à faire mes recherches en ligne,
découvrant la vérité sur les œufs et les produits laitiers et le problème du végétarisme, pour finalement
tomber sur un tract qui m’a littéralement ouvert les yeux sur le problème de
l’exploitation animale et sur ma schizophrénie morale.
Le raisonnement était limpide :
Nous prétendons nous soucier sérieusement desanimaux.Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il estimmoral d'infliger aux animaux des souffrances ou lamort lorsque ce n'est ‘pas nécessaire’. Maisqu'entendons-nous par là?Quoi qu'il en soit, cela veut dire qu'il est mal de fairesouffrir ou de tuer des animaux simplement parceque l'on en retire du plaisir, du divertissement, duconfort ou parce que c'est une habitude.Pourtant, la quasi-totalité de notre utilisation desanimaux – si ce n'est toute notre utilisation - n'estjustifiée par rien d'autre que le plaisir, ledivertissement, le confort ou l'habitude.La plupart des animaux sont tués pour l’alimentation.Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pourl'Alimentation et l'Agriculture), les humains tuentenviron 53 milliards d'animaux – c'est 53 000 000 000individus – par an, sans compter les poissons et autresanimaux marins.Comment pouvons-nous justifier cet abattage?Nous ne pouvons pas le justifier par des raisons desanté. Il est clair que les produits animaux ne sont pasnécessaires aux êtres humains. En fait, de plus en plus depreuves nous montrent que les produits animaux nuisentà l'homme.Nous ne pouvons pas le justifier par le fait que c'est‘naturel’ parce que les hommes mangent des animauxdepuis des milliers d'années. Le fait de faire quelquechose depuis longtemps ne signifie pas pour autant quecela est moralement acceptable. Les humains ont étéracistes et sexistes pendant des siècles. Pourtant, nousreconnaissons maintenant que le racisme et le sexismesont condamnables au plan moral.Nous ne pouvons pas le justifier par des raisonsécologiques. Un consensus grandissant reconnaît quel'élevage est un désastre pour l'environnement.La seule raison que nous avons d’infliger ces souffrances etmorts à 53 milliards d’animaux par an est que nous prenonsplaisir à les manger ; que c’est pratique de les manger ; quec’est une habitude.En somme, nous n’avons aucune justification valable.Vous vous demandez probablement ce que vous pouvezfaire pour abolir l’exploitation animale.Il y a quelque chose que vous pouvez faire.Vous pouvez devenir végan. Maintenant. Être vegansignifie que vous ne mangerez ni n’utiliserez plus de produitsd’origine animale.Le véganisme n’est pas seulement une question de régimealimentaire; c’est un engagement politique et moralen faveur de l’abolition, à l’échelle individuelle et celaconcerne non seulement l’alimentation mais aussi l’habillement,l’utilisation d’autres produits ainsi que certainesactions et certains choix personnels.
J’étais -enfin- tombé sur un raisonnement clair et
rationnel. Le genre de message qu’on est en droit d’attendre chez toute
organisation se souciant un minimum des animaux, ce qui est malheureusement
très très loin d’être le cas.
Après m’être renseigné sur la partie santé, je décidais de
franchir le cap d’une traite. Omnivore > vegan. Bien entendu, ça m’a demandé
un petit temps d’adaptation, le temps de trouver mes marques, mais j’ai arrêté
de consommer des produits animaux du jour au lendemain. La volonté d'agir concrètement était présente.
J’ai ensuite pu me rendre compte du véritable fatras
qu’était le mouvement pour les droits des animaux, dirigé par des
pseudo-organisations de défense des animaux pour lesquelles le véganisme n’est
non seulement pas présenté comme la base morale (voir jamais mentionné), comme
le minimum qu’on puisse faire pour les animaux mais au contraire comme
quelque chose de difficile, comme une étape finale à atteindre. Où le
végétarisme est carrément mis sur pied d’égalité dans des slogans ou tracts
(végétariens-vegans), où le public est bombardé de campagnes ciblées
irrationnelles ne faisant pas mention du véganisme et créant des distinctions morales (non à la fourrure, non à la chasse à la baleine, non aux œufs en
batterie), où le « père de la libération animale », Peter Singer,
fait la promotion de viande « heureuse » et distribue des prix aux
exploitants d’animaux.
Le constat est inquiétant, voir absurde : le véganisme
n’est pas la base du mouvement des droits des animaux.
Mis à part ça, la grande "difficulté" du véganisme n’est pas
de s’alimenter, de rester en bonne santé ou de trouver des produits non-testés
mais bien de vivre dans une société où tout nous rappelle l’horreur. Lorsque
vous annoncez votre décision à vos proches, ils vous regarderont en premier
temps comme un extra-terrestre pour finir par la « comprendre » sans
pour autant changer quoi que ce soit à leurs habitudes. Votre véganisme sera
perçu comme une religion, une espèce de choix personnel équivalent à
l’omnivorisme. Vous serez le/la spécial(e) de la famille, et devrez de temps en
temps supporter les petites blagues et remarques taquines.
Ce qui a été réellement difficile pour ma part, c’était de garder mon calme face à toute cette indifférence, cette irrationalité rationnelle, cette mauvaise foi crasse. Mais il faut garder à l’esprit que nous avons tous été endoctrinés dès notre plus jeune âge et qu’il faut parfois du temps pour ouvrir les yeux et accepter que nous avions tort.
Ce qui a été réellement difficile pour ma part, c’était de garder mon calme face à toute cette indifférence, cette irrationalité rationnelle, cette mauvaise foi crasse. Mais il faut garder à l’esprit que nous avons tous été endoctrinés dès notre plus jeune âge et qu’il faut parfois du temps pour ouvrir les yeux et accepter que nous avions tort.
Cela peut malheureusement créer de grandes
tensions dans une vie de couple, jusqu’à la rupture comme ce fut mon cas. Avec
recul, je pense aujourd’hui qu’il est
possible d’aimer une personne n’ayant pas la même approche concernant
les animaux et de partager sa vie avec elle (j’étais persuadé du contraire
quand j’ai pris ma décision), même si ce ne sera pas facile. Le nombre de vegans étant infime, il est à mes
yeux extrêmement difficile de trouver son « âme sœur » végane et
force est de constater que le célibat à vie n’est pas loin si on s’en tient
scrupuleusement à ce critère. Moral de l'histoire: faites des bébés vegans.
A côté de ça, il y a bien évidemment de nombreux points
positifs, le premier étant à mon sens d’être en phase avec sa conscience. Je me
permets de citer Gary Francione :
« Le véganisme est-il un sacrifice ? Non, pas du tout. Au contraire, chaque choix non-végan sacrifie nos propres valeurs inhérentes. Une fois que vous avez pris la décision de vivre constamment avec vos valeurs, la récompense - dans la forme d'un corps sain, d'un esprit clair et d'une conscience plus tranquille- sera à la fois profondément apparente et une source de joie permanente. »
Le deuxième point positif important est une santé retrouvée
(personnellement ça s’est surtout traduit en perte de poids et par la fin de mes
migraines récurrentes) et les chances réduites de développer des maladies
graves. Cerise sur le gâteau, notre empreinte écologique s’en trouve également
drastiquement réduite.
Et bien entendu il y la rencontre de personnes formidables
et engagées partageant la même approche des droits des animaux ; le
bonheur de pouvoir regarder un animal dans les yeux et de se dire qu’on ne
participe plus à ce véritable holocauste innommable et permanent.
417 jours. Je n'ose pas imaginer le nombre d'animaux tués pendant cette période, sachant qu'environ 140.000 animaux innocents ont étés abattus le temps que je tape cette phrase sur mon clavier, après avoir vécu une vie misérable, réduits en esclavage et séparés de leurs petits, juste pour notre plaisir gustatif ou esthétique.
417 jours. Je n'ose pas imaginer le nombre d'animaux tués pendant cette période, sachant qu'environ 140.000 animaux innocents ont étés abattus le temps que je tape cette phrase sur mon clavier, après avoir vécu une vie misérable, réduits en esclavage et séparés de leurs petits, juste pour notre plaisir gustatif ou esthétique.